La grande solitude

Phénomène de grande ampleur du XXIème siècle pour toutes les générations mais qui intéresse peu les politiques publiques ou privées : 12 % de la population française est seule. La solitude touche en France 5 millions de personnes, soit 1 million de plus qu'en 2010. Une personne âgée sur 4 et 1 Français sur 8 sont concernés en 2014. La réalité rejoint la perception : Quatre Français sur cinq (80 %) jugent que la solitude est un problème majeur dans la société actuelle, en 2015.
Jardin public au printemps ©Regis Fialaire

La grande solitude qu'est-ce que c'est ? Manquer de relation avec les autres. Famille, travail, amis, monde associatif, voisinage créent un ensemble de relations ; leur absence ou détérioration crée "des solitudes". Lorsqu'une personne n'est plus rattachée à la vie sociale que par un réseau, elle entre en situation de précarité relationnelle. Un sujet dont nous suivons les évolutions chaque année.

La solitude était de 10 % en 2010, elle est passée à 12 % soit un Français sur 8 en 2014. "Nous sommes entrés dans l'ère de la solitude de masse. Ce n'est pas dans les zones d'isolement géographique que progresse la solitude, mais au sein des villes, auprès de jeunes vivant en couple, en famille" indique le sociologue Alain Mergier. Selon lui, la cause serait à rechercher dans les exigences de la société qui investissent l'individu d'une responsabilité immense en le départissant de ses moyens.

En 2015 : 

5 millions de personnes n’ont pas de relations sociales au sein des cinq réseaux de sociabilité (familial, professionnel, amical, affinitaire ou de voisinage).

1 Français sur 3 n’a accès qu’à un seul réseau social : fragilisé, il se trouve dans une situation d’exclusion potentielle sans en avoir conscience.

1 Français sur 10 se sent exclu, abandonné ou inutile.

1 personne âgée sur 4 est seule : de toutes les générations, celle des 75 ans et plus est la plus touchée par la solitude.

Dans le même temps, la solitude est importante chez les plus jeunes : le phénomène touche les 18-29 ans et les moins de 40 ans (7 % en 2014).

13 % des habitants des grandes métropoles sont seuls, contre 11 % en zones rurales.

- 4 Français sur 10 n’ont pas de contact avec leur famille au-delà de quelques rencontres annuelles.

- 1 Français sur 4 n’a pas de relations amicales soutenues (25 % en 2014 contre 21 % en 2010).

- Près de 4 Français sur 10 n’ont pas ou ont peu de contacts avec leurs voisins (36 % en 2014).

- 1 personne en emploi sur 5 n’est pas en capacité de construire des relations sociales dans le cadre de son travail.

- Plus d’1 Français sur 2 (60 % de la population) n’a pas d’activité sociale au sein d’une association (culturelle, sportive, de loisirs, caritative…).

Etude réalisée par l’institut TMO Régions pour l’Observatoire de la Fondation de France en janvier 2014 auprès de 4007 personnes représentatives de la population française de 18 ans et plus.

En 2014 : 

1 Français sur 8 est seul (contre 1 sur 10 en 2010) et 1 sur 3 risque de le devenir (1 sur 4 en 2010).

En 2014, 1 Français sur 8, soit 5 millions de personnes, est seul. Ils sont un million de plus qu’en 2010 à ne pas avoir de relations sociales au sein des cinq réseaux de sociabilité (familial, professionnel, amical, affinitaire ou de voisinage).

1 Français sur 3 n’a accès qu’à un seul réseau social : fragilisé, il se trouve dans une situation d’exclusion potentielle sans en avoir conscience. Comparativement à 2010, la difficulté à diversifier les relations sociales est plus forte chez les plus jeunes (-40 ans) et les plus âgés (+75 ans).

1 Français sur 10 se sent exclu, abandonné ou inutile.

De toutes les générations, celle des 75 ans et plus est celle qui a été la plus impactée par la montée des solitudes en France : 1 personne âgée sur 4 est seule (27 % en 2014 contre 16 % en 2010).

En parallèle la solitude s’aggrave chez les plus jeunes. Le phénomène touche les 18-29 ans, jusque-là préservés et chez les moins de 40 ans, la solitude a doublé en 4 ans (7 % en 2014 contre 3 % en 2010).

Par ailleurs, selon l’étude, les réseaux sociaux virtuels ne sont pas une compensation au manque de liens sociaux : 80% des personnes en situation de solitude objective ne les fréquentent pas.

 Etude de l’institut TMO Régions pour la Fondation de France. L’enquête, conduite selon la méthode des quotas, a été réalisée par téléphone auprès de 4007 personnes âgés de 18 ans et plus, entre le 8 janvier et le 4 février 2014.

 

En 2013 : l'étude de la Fondation de France, confirmait que l'isolement des Français s'était aggravé. 

39 % des Français n’entretiennent pas de liens avec leur famille, 25 % d’entre eux n’ont pas de relations amicales, 37 % n’échangent avec leurs voisins que quelques politesses.

 

Evolutions 2010-2013 : En 2013, près d’un Français sur 3 (27 % contre 23 % en 2010), ne dispose que d’un seul réseauUne situation qui peut basculer à tout moment : divorce, déménagement, décès, licenciement, maladie, handicap… et c’est toute leur vie sociale qui est en péril.

39 % des Français n’ont pas de lien soutenu avec leur famille, contre 33 % en 2010. Près de 4 Français sur 10 (37 %) n’ont pas ou peu de contact avec leurs voisins, contre 3 sur 10 en 2010. 1 Français sur 4 ne dispose pas d’un réseau amical actif, contre 21 % en 2010.

L’âge : la solitude s’aggrave chez les plus jeunes et les plus âgés

Chez les moins de 40 ans la solitude a doublé en 3 ans (6 % sont désormais seuls). Pour la première fois, le phénomène touche les 18-29 ans, jusque-là préservés.

24 % des 75 ans et plus sont touchés par l’isolement, contre 16 % en 2010

La pauvreté, terreau pour la solitude

Une véritable césure se confirme entre les personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté et les autres : 17 % de personnes sont isolées parmi les foyers ayant moins de 1 000 € de revenus nets mensuels.

Le chômage : facteur déterminant chez les 30/60 ans

Entre 30 et 60 ans, le fait d’être ou non en emploi constitue la variable la plus explicative de l’isolement : 15 % des personnes en recherche d’emploi sont seules (19% chez les demandeurs d’emploi de plus d’un an).

L’effet du chômage est particulièrement déterminant lorsqu’il se cumule à un divorce ou une séparation (25% des personnes séparées en recherche d’emploi sont seules).

Un facteur nouveau : la solitude des classes moyennes

Depuis 2010, la solitude a progressé fortement au sein des classes moyennes (foyers disposant de 1 000 à 3 499 € de revenus nets mensuels).

La solitude progresse dans les grandes agglomérations : 13 % des habitants des grandes métropoles sont seuls, contre 8 % en 2010.

Ce phénomène est accentué là où se concentrent les logements sociaux : 14 % des habitants du parc HLM sont en situation d’isolement relationnel contre 10 % en 2010.

Les résultats de l’étude témoignent d’une difficulté des individus à nouer des relations sociales de proximité, malgré la fréquentation des commerces, des équipements et des services proches de chez eux. Sur les territoires les mieux dotés en équipements et services, près d’une personne sur deux considère qu’il n’y a pas de lieu autour de chez elle où elle peut facilement rencontrer des gens pour discuter.

 

En 2010l'étude de la Fondation de France, en 2010, révèlait qu'une part importante de la population est en situation d'isolement dès l'âge de 40 ans. 10 % des 40-49 ans souffraient de grande solitude. Les femmes qui élèvent seules leurs enfants étaient plus de un million et demi en France. Cette situation leur fait souvent délaisser d'autre moment de la vie sociale. Même risque de solitude pour les personnes âgées, dont 5 millions en France ont plus de 75 ans.

Quant aux fameux "réseaux sociaux" sur Internet, 88 % des personnes en situation objective de solitude ne les fréquentaient pas. Même pour les jeunes générations, ils ne comblaient pas la solitude. Ue enquête TNS Sofres révèlait que 52 % des 18/24 ans et 58 % des 25/34 ans disent en souffrir.

Un Français sur cinq n'a pas ou quasi pas d'amis, un Français sur trois n'a pas de relation avec sa famille. ]

 

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photo : Jardin public au printemps ©Regis Fialaire