Humeur

"silencieuse"

Equinoxe, chants d'oiseaux, retours d'hirondelles qui font le printemps...enfin, peut-être.

Les oiseaux de notre environnement proche, utilisés comme indicateurs de la biodiversité, témoignent, au-delà d'eux-mêmes, d'insectes existants, de la présence de végétaux et des ressources dont ils disposent. Leurs populations évoluent en fonction de ceci mais aussi de la survie de leurs habitats naturels, de pratiques agricoles, d'usages de pesticides, de nos choix d'aménagement du territoire, des évolutions climatiques, de la préservation d'une alternance naturelle du jour et de la nuit...

566 espèces d'oiseaux en France. 96 espèces sont ainsi suivies par un millier d'observateurs bénévoles auxquels reviennent d'effectuer chaque année au printemps, chacun le suivi d'un carré de 2 km par 2 km avec un comptage effectué selon un protocole très précis. L'association de citoyens à un programme scientifique du Museum national d'histoire naturelle appelée aussi science participative constitue l'une des voies de surveillance de la biodiversité ordinaire sur tout le territoire.

Ce suivi hélas apporte quelques bonnes nouvelles, mais surtout de nombreuses autres inquiétantes. En moyenne des espèces suivies, on observe un déclin de 10 % des oiseaux communs depuis 1989. Mais une moyenne sur plusieurs espèces n'est qu'indicative ; elle révèle des écarts importants avec des situations préoccupantes. Pour les hirondelles des fenêtres, après un déclin de 21 % depuis 1989, elles seraient en voie de stabilisation de ce déclin, quand les hirondelles rustiques (- 34 % depuis 1989) elles seraient en voie de déclin global en Europe. La linotte mélodieuse et le bouvreuil pivoine connaissent depuis 1989 un déclin de - 68  % et - 63 %, l'alouette des champs de - 30 % depuis 1989 ou la bergeronnette des ruisseaux un déclin de 28 % depuis 2001, la grive musicienne aurait augmenté, tandis que l'on assiste à un effondrement des populations de moineaux friquets, en chute de - 66 % depuis 1989 et - 30 % depuis 2001. Dans toute l'Europe l'espèce est en déclin.

Qu'en sera-t-il sous peu de nos vie avec les chants perdus de la linotte mélodieuse, de la grive musicienne, de l'alouette des champs, des bergeronnettes des ruisseaux, du bouvreuil pivoine et mêmes des moineaux friquets ? ...C'était déjà l'alerte que donnait, il y a 49 ans, Rachel Carson en septembre 1962, dans son ouvrage Printemps silencieux.

Anne-Marie Ducroux

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